Article : moteurs poussés et moteurs plats

Bonsoir,
Vous pouvez lire ci-cessous un article "d'époque" concernant les moteurs
-L'article a paru dans la “Page Automobile” du Journal d’Alsace et de Lorraine du 5 octobre 1925 :
“Moteurs poussés et moteurs plats
“L’emploi des moteurs poussés est encore réservé aux machines de course, mais il est bien certain que les enseignements que l’on a retirés de l’utilisation de ces moteurs seront sous peu appliqués aux moteurs équipant les voitures de tourisme. Les moteurs poussés ont encore à l’heure actuelle besoin d’études et de mise au point avant d’être livrés à la clientèle courante.
On appelle moteur poussé un moteur qui possède une grande puissance spécifique, c’est ainsi que tous les moteurs d’aviation sont des moteurs poussés.
Le moteur poussé, comparativement à un moteur ordinaire, a un volume plus petit pour une puissance égale, autrement dit une plus grande puissance pour un même volume.
A cette diminution de volume pour une même puissance, correspond une diminution du poids du moteur et de celui de la transmission. En effet, le moteur poussé tourne plus vite et nécessite une démultiplication plus grande pour conserver à la voiture une vitesse égale à celle obtenue par un moteur ordinaire. Par conséquent les organes de transmission ayant à subir un effort moteur plus faible à chaque tour, pourront être moins gros : il y a donc bel et bien une diminution du poids du moteur et de la transmission.
A cette diminution de poids correspond une diminution des forces d’inertie, ce qui a pour conséquence directe une augmentation du rendement. En même temps l’augmentation de vitesse permet de faire travailler le moteur dans la partie haute de la courbe de puissance.
Or, à un rendement plus grand correspond une diminution de la consommation de carburant pour un même travail : il y a donc économie de combustible.
Voilà pour les qualités du moteur poussé, voyons maintenant ce que l’on peut lui reprocher.
Le moteur est plus léger soit, mais encore faut-il que ses organes soient construits en matières premières d’excellentes qualités. Il faut en soigner l’usinage et la mise au point. Ces points nécessaires ont pour conséquence logique un accroissement sensible du coût de la voiture.
La précision mécanique et la légèreté voulue des organes du moteurs, font de ce dernier un engin d’une conduite très délicate. : donc, il faut à la voiture un chauffeur qui soit en même temps un bon mécanicien. Le moindre dérèglage amène à un « cognage » du moteur.
Ce moteur a un grand rendement spécifique travaille à une température de fonctionnement plus élevée qui nécessite un dispositif de refroidissement énergique. Or, plus le refroidissement est actif plus il est compliqué et plus il revient cher. Ce refroidissement intensif est motivé par la faible surface offerte et le grand dégagement de chaleur.
La vitesse de fonctionnement étant plus grande demande une meilleure lubrification des organes en mouvement. D’un autre côté, le moteur étant prédisposé pour un échauffement plus grand, il lui faut une huile assez fluide et répondant à ce besoin propre.
Le moteur ayant un couple plus puissant reçoit sur le châssis qu’il remorque, une « caisse » plus conséquente, autrement dit, supporte un châssis plus allongé ce qui augmente la longueur de la transmission et demande un nombre plus grand de vitesses avec démultiplication plus grande.
A vrai dire, au point de vue automobile, les applications de ce moteur sont assez peu courantes. C’est plutôt un moteur d’étude qu’un moteur de travail. Le constructeur et l’ingénieur lui font subir des modifications d’où ils tirent des enseignements dont profitent les moteurs ordinaires des voitures de tourisme.
Les quelques cas pratiques d’utilisation résident dans son adaptation sur des châssis de course. Son « coup de collier » est très utile dans toute épreuve automobile sérieuse et de sa résistance et de sa puissance réside le triomphe d’une marque.
Voici pour le moteur poussé, voyons maintenant le moteur plat, ce qu’il est et ce qu’il vaut.
Comme on l’a vu au début de cet article, il occupe un volume plus grand et sa puissance spécifique est plus faible que dans le cas d’un moteur poussé, d’où il découle logiquement un rendement moins élevé, et consécutivement une plus grande consommation de combustible.
L’effort moteur plus élevé pour un tour de vilebrequin demande des pièces plus résistantes, et, par conséquent, plu s lourdes et plus encombrantes.
Néanmoins il ne possède pas les inconvénients du moteurs poussé au niveau du graissage et du refroidissement. Trois vitesses lui sont suffisantes par suite de sa vitesse de rotation moins grande. Il peut être conduit par tout le monde.
Tous ces avantages explique la faveur dont ce moteur jouit, surtout en Amérique, où l’augmentation de la consommation n’a que peu d’importance par suite du coût peu élevé de l’essence.
[…] Dans le moteur plat, la puissance développée reste sensiblement constante pour toutes les vitesses entrant dans la gamme pratique de son fonctionnement. Ce moteur possède une meilleure souplesse en côte et de meilleures reprises.
Résumons en disant que le moteur poussé consomme moins d’essence mais plus d’huile que le moteur plat. Sa conduite est plus difficile et plus délicate. Il est plus fragile et possède de moins bonnes reprises et ne monte la moindre cote qu’en troisième vitesse.
De son côté, le moteur plat amène une plus grande consommation d’essence, mais il est plus plaisant à conduire et plus robuste. La prise directe est sa marche normale, même dans la plupart des côtes.
Mais l’un, le moteur poussé, est un moteur d’études, qui fait profiter l’autre, le moteur plat, des avantages prévalant de certaines modifications apportées au cours des essais.
Au cours des grandes épreuves de cette année des résultats remarquables ont été obtenus avec des moteurs poussés qui ont fort bien tenus. Attendons-nous à retrouver dans quelques temps leur perfectionnement sur des châssis de série.”
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