S'il y existe une Bugatti qui a pas mal induit de néophites en erreur c'est la type 51 Dubos que certains ont toujours pris pour une 57 !
Mais d'abord parlons de son "createur". Parmis les gentlemen-drivers se retrouvant Allée des Acacias au Bois de Boulogne, se trouvait André Bitch.
Jeune homme de bonne famille amateur de belles voitures et de jolies filles comme nous autres! Il possedait entre autres une type 35 numéro de serie 4487, ensuite une type 44 numéro 44541 cabriolet carrosé par Lacocat et Marsaud. Mais André fait modifier cette voiture dans le style des premieres Stelvio. Avec cette voiture il participe à plusieurs épreuves à Montlhéry ou il termine deux fois second de l'épreuve!
Pendant l'été 1936 il apprend que la type 51 de Francois Chambost est à vendre, celui ci vient de trouver la mort sur sa Maserati, il l'a rachéte à la veuve! Une premiere fois il fait transformer la 51 qui est une voiture de course,en l'equipant d'ailes moto, de petits phares, d'une petite porte coté gauche pour le confort de la passagère, de siéges en cuir blanc et la voiture est repeinte en noir laqué.
Dans ce bel équipage notre André se presente tous les soirs au Fouquet's pour s'y faire de nouvelles amies, c'est là également qu'il rencontre Jean Bugatti et sa 57-S Atlantic 57453
La type 51 Sport entre le 01 juillet 1936 et avril 1937
Notre ami André est un play boy,mais la concurence est rude, l'hiver approche, les dames preferent le confort et la chaleur d'un habitacle fermé! Ainsi dés janvier 1937 André Bith projette la réalisation d'un caisse de coupé sur son chassis 51. Il decide qu'une partie de la carrosserie sera en duralumin mais bien peu d'ouvriers sont compétents pour travailler ce métal, sauf un italienqui travaille justement chez Dubos! Le carrossier acepte un prix trés bas à condition que l'auto soit presentée dans des concours d'élégance
Sur ce devis on voit que seuls le capot et les ailes seront en Aluminium, la caisse à structure de bois de frène bien sec gainée de tole et l'empenage en tole légère sans bati bois interieur!
Avant d'entrer en carrosserie la 51 Sport passe d'abord par l'atelier Schaeffer pour quelques modifications mécaniques visant à installer le changement de vitesse au centre sur la boite.Un frein à main de Citroen TAV est installé sur le tablier et l'auto est équipé d'un démareur dynamo.
La voiture entre chez Dubos dans les premier jours d'avril et en ressort fin mai 1937. Elle a fiere allure peinte en bleu nattier clair, un peu different du bleu Bugatti, la planche de bord en sycomore n'a recu qu'un compte-tours, André Bith se soucie pas de la vitesse il conduit toujours a grande allure meme dans les rue de Paris! Un volant de type 51 complete l'ensemble avec deux siéges pour un meilleur maintien en virage! La caisse est de petite taille aux mesures de son pilote qui a bien l'intention d'utiliser son bolide "à fond" dans le trafic de la capitale, car l'auto est destinée à éblouir et "appâter"! La nouvelle immatriculation 29 RL correspond à son domicile 29 Rue Hamelin !
La voiture est inscrite sous le numéro 44 au rallye Paris-Nice ou elle retrouve l'Atalante 57543-S de Francois Louis Dreyfus, photo ci-dessus!
Les 300 premiers kilometres se passent bien, mais en arivant à Vichy l'arbre de transmission qui relie la boite de vitesse au pont casse, il faut abandonner. Aprés réparation André Bith remonte sur Paris et là c'est le moteur qui rend l'ame!
André Bith se rend compte qu'il n'aurait pas du modifier sa type 51 Sport, la carrosserie est beaucoup trop lourde, l'empennage arrière trop long et à fond plat et rendait le passage des caniveaux et trottoirs périllieux !
De plus l'habitacle n'était pas équipé de chauffage, ni de ventilation ! Chaleur insoutenable l'été et froid l'hiver, à cela il faut ajouter le bruit déchirant du compresseur et de la boite à crabots!
Les accélérations restaient prodigieuse, la première montait à 50 km/h la seconde 100, le troisième rapport emmenait à 150 km/h, ce qui était idéal pour la circulation hurbaine.
Son plus grand plaisir était de prendre à grande vitesse tout en dérapage, le rond point de l'Etoile, dont la pluie rendait les pavés encore plus glissant!
Le moment est venu pour la 51 de parader, on la voit au salon d'octobre 1937 sur le stand Dubos, elle parait dans plusieurs revues.
Le 19 juin 1938 elle est engagée au concours d'élègance qui se tient à la porte d'Auteuil, repeinte en bleu des mers du sud assortie à la robe de Melle Jacqueline Ganet ex-miss France, elles remportent le deuxième prix!
Mais André Bith utilise toujours son bolide, en villégiature à Deauville il commet une erreur qu'il va payer cher!
A la sortie du casino vers 4 heures du matin, apres une soirée bien arrosée dans la necessité de faire le plein, le pompiste remplie le reservoir d'ordinaire au lieu de la Super qu'André lui réclame, puis il se rend à la pharmacie de garde acquérir de l'éther qu'il mélange à de l'eau et à l'essence! L'auto avec cette généreuse rasade n'a jamais aussi bien marché sur le chemin du retour !
Le lendemain le moteur rend l'ame une fois de plus, pistons cassés !
Elle est vendu à un jeune amateur. Sur la photo ci-dessous on voit la voiture devant la maison de ce jeune homme et ses parents, ce jeune homme n'est autre que le père de Paul André Berson !
Mais c'est là une autre histoire!
L'auto change plusieurs fois de main au cours des années, la caisse a changé de chassis pour se retrouver en 1999 chez Jack Nethercutt qui possedait e chassis d'origine 51113 ex Chiron à moteur n° 6!
En septembre 2000 André Bith, vaillant jeune homme de 90 ans a confier toute la documentation pour la restauration du véhicule qui sera presenté à Pebble Beach dans ses coloris de 1938.
André Bith n'a pas put assisté au concours vu la distance, 65 ans apres sa prestation à Bagatelle !
Ce pilote témèraire en trois millions de kilometres avec cinquante-deux voitures n'a eu aucun accident !
La voiture dans les années 50
La voiture dans son état concours apres la restauration de 2000 !